Tour du monde d’une ecovolontaire : la maison aux iguanes au Honduras (2)

—Expédition dans la mangrove-
Expédition à l’intérieur des terres. Trois bénévoles partent avec Aurel et Mr Blue, un Utilien taxi de profession qui veut développer une activité touristique en proposant des sorties à thème sur la nature. Personne ne le fait encore, exceptée la station. En nous accompagnant, il en saura un peu plus sur la mangrove et ses iguanes que nous allons relâcher. Ils sont  cinq âgés d’à peine un an et se débattent déjà dans les sacs en tissus dans lesquels nous les transportons.

Nuage de moustiques

La règle la plus importante dans la forêt est de  s’armer contre les moustiques, ils sont féroces. Répulsif, pantalon, manches longues sont de mises. Nous coupons des branchages chargées de feuilles suffisamment larges pour chasser les milliers de volatiles attirés par la chair fraîche, dès que nous nous enfonçons dans la masse verte. Nous voilà partis, en file indienne, agitant nos feuillages, traversant le nuage de moustiques… Il ne faut surtout pas s’arrêter. Nous nous ferions dévorer.
La forêt est d’abord de type savane humide, je ne connais malheureusement pas les noms des arbres, l’un d’eux, formé d’une écorce rouge qui part en lambeaux, est appelé gringo par les gens du coin, en référence à la peau blanchâtre des Américains et autres Occidentaux qui vire au rouge sous le soleil des Tropiques. Les lianes pendant aux branches des arbres donnent au lieu des airs de jungle amazonienne, de même que la grande quantité de reptiles.
« Mais la jungle amazonienne à ceci de mieux, c’est qu’il y a moins de moustiques » précise Aurel. Et les moustiques, ils nous adorent nous les Occidentaux !

Les petits iguanes

Après une heure marche environ le sol change. Formé de corail, il devient de plus en plus accidenté et rend la marche un peu plus difficile. La chaleur est étouffante. Nous suons tous à grosses gouttes. Encore une demi-heure et c’est la pause au bord de l’océan. Moment de détente ô combien apprécié, en dégustant les pamplemousses ramassés par Mr Blue. Enfin par Reinaldo. Mais un jour, à force de répéter son prénom à des enfants qui ne le retenaient pas, il finit par dire qu’il s’appelait Mr Blue. « Blue, parce que c’est le premier mot qui m’est venu à l’esprit… », avoue-t-il amusé. Aujourd’hui, sur l’île tout le monde connaît Mr Blue… Reinaldo, lui, est beaucoup plus anonyme. Mais Mr Blue le taxi bientôt guide, c’est une figure locale, nous le rencontrons souvent sur la plage publique, chez Mario, autre personnage important de l’île qui a installé trois tables au bord de l’eau pour y servir sa fameuse soupe de poisson dont lui seul a le secret.
Il faut repartir, les petits iguanes commencent à s’impatienter, enfermés depuis deux heures dans leurs sacs. Nous nous enfonçons dans la mangrove, d’abord la blanche, formée de petits bâtonnets sortant de l’eau, puis la noire et enfin la rouge, la plus connue, celle aux racines échasses, transition entre mer et terre, barrière quasi-impénétrable pour qui s’y aventure. Les principaux habitants du coin sont les iguanes et les crabes que l’on compte pas centaines. L’endroit est marécageux,  pourvu d’étendues d’eau très calme. Dame nature a déployé tout son art ici, l’art de nous ébahir, de nous laisser silencieux devant tant de beauté.
Les iguanes sont relâchés dans la mangrove noire, sur un arbre de préférence. À peine sorties du sac, les voilà qu’ils s’aventurent vers la liberté. Certains filent dès qu’ils sentent le contact avec le bois, d’autres descendent à ras du sol observant et humant l’atmosphère avant de faire leur premier pas dans la vie sauvage.

foret utila Honduras

Chasse aux crabes dans la mangrove

– « Nous devrions ramasser des feuilles et des crabes avant de repartir » conseille Aurel. Oui, d’autres iguanes attendent à la station. Ils demandent toute notre attention. Je ne compte plus le nombre d’animaux que j’ai nourris depuis mon départ, les différentes mixtures fabriquées avec soins en pesant et comptant chaque aliment pour offrir à ces espèces la possibilité de survivre. J’avoue que je ne m’étais jamais imaginé un jour faire la chasse aux crabes dans la mangrove, sautant à même le sol pour les faire sortir, me précipitant tout d’un coup vers un trou aperçu dans le sable, guetter la moindre pince sortant de terre. Ils sont malins ces crabes et surtout très rapides ! Si vous en attrapez un par la pince, il vous la laisse. Il préfère perdre une pince que la vie. C’est son système de défense. La plupart du temps nous partons ramasser les crabes, par deux, derrière la plage publique. Nous sommes parfois la risée des passants, intrigués par ces bipèdes chassant le crabe avec tant d’acharnement ! Nous avons droit de temps à autre à des articles dans le journal du coin.

Collecte de termites

La station des iguanes est complètement intégrée à la vie utilienne, un peu en marge certes car son activité est loin d’être aussi importante que celle générée par les clubs de plongée. Mais elle est là, avec ses bénévoles qui sillonnent la forêt machette à la main, outil indispensable sous ces latitudes. Non pas pour se défendre !
Le plus souvent à la station, c’est pour attraper les termites que nous nous en servons. Pourquoi des termites ? Pour nourrir les swampers bien sûr ! Les plus jeunes, ceux qui ne savent pas encore manger un crabe.
“Le mieux, la semaine où on a en charge les termites, c’est de repérer les nids lorsque tu te balades”. Michael à l’air de bien connaître ce travail. Je le suis. Un nid de termites c’est un peu comme un énorme essaim marron foncé accroché à un arbre.
“Lorsque tu en as repéré un, tu en coupes quelques morceaux, juste ce dont tu as besoin. Tu tranches dans la masse, d’un coup sec !” Frapper d’un coup sec avec la machette, ça je sais faire, je l’ai appris à Tahiti. Là-bas lorsque vous louez une maison, il y a toujours une machette qui va avec. Avec la machette, vous vous sortez de tout ! Vous tranchez le scolopendre qui se glisse sous vos draps, coupez le régime de banane, venez à bout d’une noix de coco, élaguez un arbre, pénétrez dans la jungle, tranchez dans le vif, disséquez vos pensées…traversez la nuit.

L.D

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