Deux tortues arrivent à la clinique du village

Tour du monde d’une éco-volontaire : le village des tortues à Gonfaron (3/7). Quinze jours et déjà des au-revoirs. Ici, les bénévoles restent entre deux semaines et deux mois. Aujourd’hui, Philippe et Hermine s’en vont, je les aimais bien. Mais les rencontres et les séparations, en voyage, c’est la règle. J’y suis habituée. Echange de mail, photo. Cela rassure, et parfois c’est la bonne surprise, un lien se crée. Nous attendons les nouveaux que nous allons former en quatrième vitesse.

Le public bénévole est hétéroclite c’est ce qui fait le charme de cette première mission. Étudiants, lycéens, biologistes, cadre parisien et moi, en année sabbatique, c’est ce que je réponds quand on me demande ce que je fais dans la vie. C’est année, je ne fais rien… 
Les journées à venir s’annoncent cependant agitées, l’été bat son plein et nous sommes en sous-effectif. Voilà longtemps que je n’avais pas entendu cette expression ! Sauf qu’ici je prends les choses à la légère, tout me fait rire.

Deux tortues blessées atterrissent au village

La vie au centre, qui à bien des égards ressemble à un village gaulois, nous réserve une surprise quasiment chaque jour. Hier, un club de Harley Davidson a passé le grand portail en bois. Pas moins de soixante motards chevauchant des machines rutilantes ont débarqué, le volume des postes de radio poussé à fond, hurlant des airs de Jhonny, accoutrés d’un costume de cuir d’un bandana et arborant fièrement leurs tatouages. Le chef de la bande portait un sifflet autour de son cou pour ramener le calme lors de la visite guidée. Beaucoup semblaient avoir passé la cinquantaine, il y avait peu de jeunes, c’est à se demander si la relève est assurée chez les Davidson.

Réparation de la carapace

Aujourd’hui, deux tortues blessées atterrissent au village ; L’une, moitié écrasée, ramassée sur l’autoroute par une femme, l’autre probablement scalpée par une débroussailleuse. Elles sont toutes les deux soignées à la clinique. Nicolas, l’un des deux responsables animaliers, assisté de Tim, un jeune Allemand bénévole depuis cinq semaines, se lancent dans « l’opération » de la première, pour réparer la carapace. Malgré un premier diagnostic pessimiste au vu de la plaie sanguinolente, il pense pouvoir la sauver. Aucune partie vitale ne semble avoir été touchée. L’intervention reste très délicate. Le plastrum est fracturé et l’arrière de la carapace complètement détachée. Nicolas attrape une mini-perceuse, transperce la masse osseuse afin de rassembler les morceaux de la carapace avec du fil de fer. L’opération n’est pas facile, la tortue bouge et souffre, ses yeux sont creusés et elle semble suffoquer. Nicolas et Tim sont sous tension, des gouttes de sueurs perlent sur leur front. La fin des soins consistera à consolider la carapace avec de la résine.

« Village des tortues bonjour…
– Comment va-t-elle ?
– Qui ?
– Eh bien la tortue !
– Il y en a plus de 1 000 tortues ici madame
– Celle de l’autoroute !
– A pardonnez-moi. Oui oui l’opération s’est très bien passée Elle est en convalescence à la clinique. »

La dame est rassurée, tout va bien. Elle est probablement varoise et comme de nombreux Varois, elle entretient une relation affective avec cet animal. Le problème c’est qu’ils ont un mal fou à comprendre que dame herman, sous ses airs de vieille grand-mère, est un animal sauvage qu’il ne faut pas enfermer. Il lui faut un hectare pour vivre !

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