Tour du monde d’une écovolontaire : la maison aux iguanes au Honduras (9)

Les bourrasques rythment les journées. Les week-ends, nous privilégions la lecture pour les uns et les DVD pour les autres, bercés par le roulement des averses sur la taule. J’ai déjà épuisé tous mes livres, heureusement j’ai pu faire des échanges de bouquins . Trouver des ouvrages en langue française n’est pas une mince affaire sur Utila, malgré son caractère cosmopolite.
Depuis l’arrivée de trois nouveaux bénévoles, les soirées sont plus calmes. Nous n’avons que très peu évoqué le fait divers de l’autre soir, mais il hante un peu les mémoires. Les nouveaux ont compris de suite où ils avaient atterri. Dans une très belle île envahie par la drogue… Il y a toujours des touristes pour en acheter et le Honduras est un pays très pauvre. Nous sommes à proximité d’une des plus grandes plaques tournantes mondiale de trafic de stupéfiants, et il n’est pas rare de trouver, échoués sur la plage parmi les bouteilles de soda et les emballages de “fast food” de drôles de paquets, qui bien sûr n’appartiennent à personne. Aurel, qui gère la station depuis quinze mois connaît un tas d’histoires, histoires assez misérables, liées à l’alcool et à la prise de stupéfiants pour la plupart. Je les écoute d’une oreille distraite, bien confortablement installée dans mon hamac, fixant des yeux un lampadaire en contrebas, qui depuis le début du séjour ne cesse de m’évoquer une rue du village de mon enfance. Lors des fortes bourrasques, la pluie est si dense que je pourrais croire à une tempête de neige. J’entends presque le timbre sourd du bourdon du clocher, cette résonance si particulière des jours de neige dans un hameau de montagne.


Recyclage des déchets acte III

Je pars toute seule au dépôt de la mairie espérant accueillir les éventuels volontaires des centres de plongée. Je suis chargée de mettre en place la fameuse machine. Malheureusement, comme jeudi dernier, il n’y a personne. C’est décourageant. Par ailleurs, le dépôt a été nettoyé, il ne reste que les sacs de bouteilles écrasées la semaine dernière. Et le cadenas est cassé. Je croise des employés municipaux tente de leur demander des explications. Je n’en obtiens pas. Je passe ensuite à la Poste. Epuisée, je m’assoie et ne dis rien, bien décidée à l’avoir à l’usure. Je reste là au moins dix minutes, il n’y a personne à part elle et moi dans le bureau. Elle finit par me demander ce que je veux… il y a progrès. Mais elle ne va pas jusqu’à regarder le courrier qui est arrivé. Elle n’a pas le temps. Je la regarde dans les yeux, hausse le ton, lui rappelle qu’il y a trois semaines qu’elle me raconte des sornettes, ce n’est plus possible ! Je ne suis pas prête à lâcher l’affaire, elle le sent et me conseille de téléphoner dans l’après-midi. Je remonte à la station et on m’annonce que la postière vient de téléphoner parce que mon colis était arrivé. Je redescends. Merci madame. Remonte et ouvre. Des livres, des friandises que de bonnes choses…
Nous décidons, par ailleurs, avec Aurel de ne plus tenir compte de ces volontaires qui ne viennent jamais et de continuer le recyclage des bouteilles comme nous l’avions commencé et organisé à la station. Le touriste, il vient pour plonger, par pour s’occuper du recyclage des déchets. Quant au cadenas, il devrait être changé.

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