Après une enfance passée dans les montagnes au nord de Chiang Mai où elle a développé une relation particulière avec les animaux, Lek Chailert est aujourd’hui la voix des éléphants d’Asie. Je suis partie à sa rencontre à Éléphants Nature Park.
Lek Chailert, c’est un peu la fiancée des éléphants.
Pour eco-volontaire.com, elle a eu la gentillesse de m’inviter à la suivre dans une sorte de rituel du soir, lorsqu’elle accompagne une famille d’éléphants dans leur enclos pour la nuit.
L’observer, c’est comprendre la relation quasi spirituelle qu’elle a développée avec ces géants. « Je les aime », souligne-t-elle. Lorsqu’elle se glisse au milieu du troupeau pour les nourrir, elle mène une danse, un ballet à l’esthétique envoûtante dans la chaleur de la lumière du soir. C’est un peu la maman, mais surtout celle qui les a sauvés d’un funeste destin.
Quand un éléphant arrive au parc, il est souvent atteint d’une pathologie mentale à cause de la maltraitance qui l’a subie pendant plusieurs décennies pour certains. En effet, alors que les uns étaient dressés pour le cirque, les autres subissaient le poids des touristes sur le dos. Or, les techniques utilisées par les mahouts (dresseurs d’éléphants) pour l’industrie du divertissement ou pour les promenades, flirtent dangereusement avec la torture. 50 % des éléphants ne survivent pas à ces mauvais traitements.
Lorsqu’un éléphant tient un pinceau, il s’exécute car il a peur. Pour lui, l’homme est un ennemi. Lek met parfois plusieurs mois à tisser une relation de confiance avec certains pachydermes traumatisés, qui lancent des pierres dès qu’ils aperçoivent un être humain. Tout son talent est là ! Entrer en contact avec ces animaux qui peu à peu laissent tomber leur agressivité. N’importe qui ne peut pas se mêler à un troupeau d’éléphants sans se faire piétiner !
Lek a pris conscience du problème des éléphants maltraités dès sont plus jeune âge. C’est son père qui lui a inculqué le respect et l’amour des animaux, alors qu’elle grandissait dans un village du nord de la Thaïlande, en montagne.
Si aujourd’hui elle fait régulièrement la Une des journaux, et si vous pouvez apercevoir une photo d’elle en compagnie d’Hillary Clinton dans un coin de la terrasse, il faut savoir que son combat a été long et dur.
Lorsqu’il y a vingt ans elle a créé Elephant Nature Park avec l’association Save The Éléphant Fondation, elle était plutôt mal vue, notamment des mahouts qui s’étaient retrouvés sans travail à la suite de l’arrêt de l’exploitation des forêts (1). Ils avaient alors trouvé dans l’industrie du divertissement et du tourisme une façon de survire.
Leur expliquer qu’ils devaient arrêter d’exploiter les éléphants pour vendre les promenades aux touristes revenait à leur enlever le pain de la bouche.
Mais elle a tenu, elle n’a rien lâché malgré les menaces. Aujourd’hui, non seulement Eléphant Nature Park remporte un vif succès auprès des touristes, mais Lek a montré la voie d’un nouveau développement économique basé sur un tourisme durable. Des centres qui jadis proposaient des treks avec les éléphants incitent les visiteurs à découvrir un animal dont la population de cesse de décroître. Et ça marche ! Pour peu qu’il y a également une prise de conscience de la part des touristes.
Lek Chailert est désormais le porte voix des éléphants d’Asie, elle mène des actions dans différents pays grâce à sa fondation. Son objectif est également de relâcher le plus possible d’éléphants dans la nature. Mais pour cela, d’autres combats sont à mener. Il n’est pas possible de relâcher des éléphants à proximité à cause des fermiers qui pourraient en pâtir. La fondation devra donc acheter d’autre terrains et avoir des autorisations données par le gouvernement.
Laurence Dupont
1 – A l’époque de l’exploitation des forêt pour le teck, les éléphants servaient à transporter le bois.
Lire aussi sur le blog de voyage en Thaïlande
- Thaïlande : attention aux pratiques touristiques qui ne respectent pas les animaux sauvages
- Ecovolontariat en Thaïlande : devenez Flight Volunteer a Koh Lanta
- Bénévolat auprès des gibbons en Thaïlande : découvrez le Gibbon Rehabilitation Project sur l’île de Phuket
- Tourisme responsable : visitez ou engagez-vous au Wildlife Friends Fondation, un refuge d’animaux sauvages en Thaïlande.
- La Thaïlande en famille de 9 à 81 ans, c’est possible ! Voici mes trucs et astuces pour réussir un voyage en Thaïlande en famille en tout autonomie.
- Cinq choses à faire à Chiang Mai pour green travelers. Capitale culturelle, Chiang Mai a su garder son âme malgré le développement du tourisme. Loin de Bangkok, la trépidante capitale de la Thaïlande, elle invite le voyageur découvrir son environnement et sa spiritualité plus en profondeur.
- Chiang Mai : discuter avec un moine bouddhiste. Dans les temples de Chiang Mai, dans le nord de la Thaïlande, vous avez la possibilité de discuter avec un moine bouddhiste, sous un parasol. Une expérience unique grâce à laquelle il est plus facile de saisir la réalité du bouddhisme en Thaïlande.
- Chiang Mai : voler au secours des gibbons en tyrolienne. Chiang Mai, au nord de la Thaïlande, Flight of the Gibbon propose un immense parcours en tyrolienne à travers la forêt tropicale. Plus qu’une simple attraction, Flight of Gibbon mène un programme complet de réintroduction de gibbons aux mains blanches, espèce aujourd’hui en danger.
- Dénicher des coins de paix et de verdure au sein de la sulfureuse capitale thaïlandaise.