L’océan comme défi écologique de demain

Cette pierre n’est pas ce que vous croyez. Elle vient du fond de l’océan. Récupérée à 3 000 mètres de profondeur, elle représente un enjeu de taille. Voyage en eau profonde avec Marjolaine Matabos de l’Ifremer et André Abreu de Tara expéditions.

Entre deux voyages ou mission d’écovolontariat, il est toujours instructif de se promener dans les allées des différentes manifestations dédiées à l’environnement.
Ce samedi 8 octobre 2016, je suis allée au 14e Festival du livre et de la presse d’écologie.
Attirée par une conférence intitulée « L’Océan, un monde à protéger », avec Marjolaine Matabos de l’Ifremer et André Abreu de Tara expéditions, je n’ai pas été déçue !

Pour planter le décor, l’animatrice et journaliste Marie Lescroart a commencé à faire circuler une pierre noire parmi le public. D’un premier abord, elle ressemble à une pierre qu’on l’on pourrait trouver sur les pentes d’un volcan. Mais au toucher, on comprend vite que son origine est différente. Il s’agit d’un nodule  polymétallique. Une pierre des plaines abyssales océaniques récupérée à 3 000 mètres de profondeur, qui a mis des milliers d’années à se constituer.

Cette conférence aurait pu s’appeler, l’océan cet inconnu. Comme le précisait l’un des conférenciers : « Nous en savons plus sur la surface de la Lune que sur l’océan ».
Pourtant, l’océan c’est 97 % des ressources en eau et 95 % des habitats disponibles pour la Terre. Autant dire que nous sommes face à un volume énorme pour la vie !

« Les fonds océaniques sont encore très mal connus. Et il est très intéressant d’y mener des recherches  », explique Marjolaine Matabos en montrant comment la vie s’est organisée dans les profondeurs, en dehors de tout système lié à la photosynthèse, mais grâce aux différentes bactéries. Par exemple, « les carcasses de baleines qui tombent sur le sol océanique, sont primordiales  pour activer la chimio synthèse. »
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André Abreu, responsable environnement et climat de l’aventure Tara, nous en a dit un peu plus sur l’expédition scientifique menée sur le bateau construit par Jean-Louis Etienne.
Aujourd’hui, le voilier croise sur tous les océans du monde pour étudier le plancton. Le plancton représente l’écosystème le plus vaste des océans. Les scientifiques ont pour objectif de recueillir le plus d’échantillons possible afin des les faire analyser en laboratoire. « Actuellement, 35 000 échantillons ont été récupérés et envoyés pour analyses. » Le résultat des recherches est stupéfiant : 40 millions de nouveaux gènes ont été découverts ! Il s’agit là d’un progrès immense pour la recherche.

La législation de la haute mer

Si elles renferment encore leurs mystères, les plaines abyssales dévoilent peu à peu leurs richesses, mais à trop se montrer, elles pourraient attirer des convoitises.
Les fameux nodules polymétalliques, la pierre noire qui a circulé dans le public en début de conférence, représente une vraie richesse en minerais. Elle renferme du cobalt, du manganèse et bien d’autres métaux très recherchés notamment pour la construction de téléphones portables. Devant le prochain épuisement des mines existantes, et la fréquence avec laquelle nous changeons notre téléphone, les industriels se sont mis sur la piste.
Il se pourrait, prochainement, que des mines sous-marines soient exploitées.
Quel serait l’impact de ces mines ?
« Le potentiel de résilience du fond des océans est très faible », précise la chercheuse à l’Ifremer. De plus, la manipulation de ces minerais pourrait entraîner des modifications chimiques et un bouleversement total de la biodiversité océanique.
Actuellement, un permis d’exploitation a été donné en Papouasie Nouvelle-Guinée. Ce permis a été donné dans les eaux territoriales du pays. En haute mer (au-delà de 200 milles marins de la côte), il n’y a, à ce jour, que des permis d’exploration qui on été donnés.

La législation de la haute mer représente donc un vrai enjeu dans les années à venir.
A ce jour, il existe l’AIFM (Autorité internationale des fonds marins) qui légifère sur les fonds marins. Toutefois, la colonne d’eau, c’est-à-dire la masse d’eau entre la surface et le sol océanique de la haute mer, est encore considérée comme une entité n’appartenant à personne, et donc à tout le monde.

Pour  André Abreu de Tara expéditions « Il faudrait mettre la haute mer comme bien commun de l’humanité ». Exploitée intelligemment, la mer pourrait être une porte de sortie à la crise écologique que nous vivons.
Le plancton pourrait être le biocombustible de 3e génération précise Andra Abreu. Pour rappel, le bio combustible à pour défaut de détruire la forêt amazonienne  au profit de terres cultivées uniquement pour le combustible.

Laurence Dupont

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