L’été 2010, les écovolontaires de l’organisation Projects Abroad ont permis d’identifier plusieurs nouvelles espèces (petits mammifères, chauves-souris, oiseaux) au sein de la réserve privée Taricaya, grande de 476 hectares. Grâce au soutien des écovolontaires, plusieurs scientifiques ont pu mener à bien leurs études sur la biodiversité de la jungle amazonienne au Pérou.
L’inventaire d’espèces est une condition importante pour assurer la protection d’espaces naturels. Seulement, si les avocats de la nature peuvent prouver qu’un site dispose d’une faune et flore exceptionnelles, ils peuvent espérer obtenir les ressources nécessaires pour sauvegarder cette richesse naturelle. Les chances de sauvegarde augmentent au fur et à mesure que les espèces identifiées sont nombreuses et rares. Mais contrairement aux réserves situées en Europe, la plupart des sites sensibles dans les pays en voie de développement manquent cruellement de ressources humaines et financières pour mener les recherches nécessaires. La participation d’écovolontaires est indispensable pour enrichir le savoir sur les animaux sauvages dans les zones à protéger.
>>> Cliquez ici pour regarder l’extrait d’une émission d’Ushuaia TV (disponible sur le site de Projects Abroad) montrant entre autres des écovolontaires identifiant des amphibiens et des oiseaux.
> Le directeur de la réserve Taricaya, le biologiste anglais Stuart Timson, explique :
“Près de 9 ans après la mise en place du centre de recherches de Taricaya, il devenait de plus en plus difficile de découvrir de nouvelles espèces au sein de la réserve, mais ce mois-ci, nous avons eu la visite de trois amis venus nous aider dans nos recherches sur la biodiversité.
César Medina, diplômé de l’université d’Arequipa rattachée au deuxième plus grand musée d’histoires naturelles du Pérou, nous a rejoints en juillet pour réaliser les toutes premières recherches sur des petits mammifères de la réserve. César est spécialisé en rongeurs et marsupiaux et grâce à l’aide de différents systèmes de pièges mis en place, il a pu inventorier ces petits animaux habituellement insaisissables.
Les volontaires ont rapidement été conquis par son enthousiasme. Nous avons installé et contrôlé les pièges pendant toute la durée de son séjour avec nous. Le projet s’appuie sur quatre types de pièges dont chaque système est conçu pour capturer différentes espèces de mammifères. Les quatre pièges se sont avérés être des réussites ! Et non des moindres, les pièges de type « Tomahawk » ont attrapé non seulement des marsupiaux et des rongeurs mais aussi un singe tamarin à selle (Saguinus fusicollis).”
Au total, 15 espèces d’animaux ont été capturées afin d’être étudiées et 12 d’entre elles étaient nouvelles à Taricaya. Certaines doivent toujours être classifiées en sous-espèces car de nombreux opossums et rongeurs sont difficiles à identifier et nécessitent des mesures approfondies de leur crâne pour les différencier des espèces du même genre. Cependant, de nouvelles espèces importantes ont été découvertes : un opossum mince (espèce des marmosops), un opossum de Virginie (espèce des monodelphis), une souris pygmée (espèce des oligoryzomys) et un rat arboricole (espèce des mesomys). César continuera ses recherches à son retour au musée et enverra la liste complète des espèces étudiées. Quand il aura mis à jour cette version, nous aurons près de 65 espèces de mammifères recensées sans compter les chauves-souris.
Notre deuxième intervenant, Hugo Zamorra, diplômé de l’Université d’Arequipa, est venu installer ses filets pour attraper des chauves-souris. Avec Hugo et César travaillant en parallèle, nous avons eu des personnes quasiment jour et nuit dans la réserve mais avec les 34 espèces de chauves-souris déjà recensées, la tâche d’Hugo s’avérait un peu plus compliquée ! Cependant, il était prêt à relever le défi bien que la saison sèche soit une période difficile pour attraper les chauves-souris car leur densité baisse à cause de la nourriture de moins en moins disponible. Ceci engendre des migrations saisonnières vers la forêt. Hugo a attrapé de nombreux individus pendant les deux semaines passées avec nous, dont la dernière nuit la plus spectaculaire ! Il a capturé 20 chauves-souris : une première pour lui et un bonus énorme pour Taricaya car il y avait parmi celles-ci quatre chauves-souris pêcheuses. De tous les animaux de la planète, la Chauve-souris pêcheuse (noctilio leporinus) est peut-être une des créatures les plus incroyables qu’il m’est été donné de voir.
Son sonar et sa perception des sons sont tellement développés que cette espèce particulière peut percevoir les sons à travers l’eau et détecter les poissons juste par les ondulations de leur déplacement à la surface. Une fois qu’un poisson de taille convenable est détecté, la chauve-souris fond sur sa proie et l’arrache de la surface de l’eau entre ses pattes pour en faire un festin. “Hugo n’avait jamais attrapé une telle chauve-souris auparavant et bien que je fusse certain de leur existence dans la réserve comme j’avais entendu des animaux pêcher dans la crique la nuit, en avoir la preuve était vraiment stupéfiant. A la fin de sa visite, Hugo avait ajouté quatre nouvelles espèces, dont deux en attente d’identification exacte.
Finalement, c’est Mauricio Ugarte, ornithologue et commissaire d’exposition du Musée d’Histoire Naturelle d’Arequipa, qui a planté ces filets japonais (mist nets en anglais) à des endroits de la réserve qui devaient lui permettre de dresser l’inventaire d’oiseaux migrateurs passant par Taricaya. Pendant les 10 jours de sa visite, nous avons pu enrichir notre liste d’oiseaux de six nouvelles espèces dont la Paruline équatoriale (Geothlypis aequinoctialis) et une espèce des thraupidés (Fawn-breasted Tanager, Pipraeidea melanonota) qui a été capturée pour la première fois au Pérou en dessus de 600 m d’altitude. Le nombre d’espèces d’oiseaux identifées à Taricaya s’établit maintenant à 434.
Légende : Ecovolontaire avec un oiseau de la famille des toucans
Encore tous mes remerciements à Hugo, César et Mauricio pour leur temps et leur expertise ces dernières semaines. »
Des naturalistes expérimentés sont particulièrement recherchés par Projects Abroad pour aider à étendre la liste d’espèces menacées présentes dans les zones où l’organisation travaille : pas seulement au Pérou, mais aussi en Afrique du Sud, Thaïlande, Cambodge, Costa Rica, Mexique et Mozambique.