Tour du monde d’une écovolontaire : la maison aux iguanes au Honduras (8)

—Recensement des iguanes dans la mangrove—
Expédition dans la mangrove. Nous partons finalement, moi et Nadine, pour cette première journée de recensement. Finalement car il y a trois jours il était hors de question de laisser partir seules deux femmes à cause de mauvaises rencontres que nous pourrions faire, en l’occurrence des chasseurs d’iguanes. Je dois bien repérer le chemin pour cette première journée afin de guider Mijriana le lendemain. Le thermomètre affiche 34 degrés à l’ombre dès 8 heures du matin et le taux d’humidité est de 89 %. A peine avons nous pénétré dans la forêt que la lutte contre les moustiques se révèle farouche. Depuis la dernière expédition à l’intérieur de l’île, ils se sont encore multipliés avec l’arrivée de la saison des pluies. Nous sommes couvertes de la tête au pied, tenant un rythme de marche très rapide en se protégeant le visage avec des feuilles pour traverser le nuage. Le plus dur est sans aucun doute de garder son calme. Le sifflement incessant des moustiques dans les oreilles, le visage qui brûle sous l’effet du répulsif et de la sueur, les inévitables piqûres, cela pendant une heure et demie de marche, auraient vite fait d’avoir raison de notre sang froid. Nous avançons, n’échangeant que quelques mots par peur d’user trop d’énergie dans une forêt magnifique encore sous l’effet du soleil levant. La vue de l’océan de l’autre côté de l’île apparaît comme un soulagement avec sa plage de sable blanc. Nous reprenons notre respiration au rythme des rouleaux se fracassant sur le corail, les yeux posés sur l’horizon, ingurgitant des litres d’eau.

Royaume d’eau de lumière

La mangrove n’est plus loin. Plus que dix minutes de marche et nous voilà dans ce royaume d’eau de lumière et de racines. Calme et sérénité après l’enfer vert. La surface lacustre brille sous les rayons du soleil, nous n’osons à peine bouger de peur de casser cette harmonie avec nos gros sabots d’être humain et tout notre attirail, papier, crayons, jumelles, pour étudier l’iguane d’Utila. Comme s’il était plus facile de percer tous les mystères de la nature ainsi, notant et mesurant le moindre phénomène. Nous entamons notre travail scrutant les branchages des arbres à la recherche du fameux swamper. Ce n’est pas facile, il faut avoir l’œil et il est hors de question de revenir bredouille à la station. C’est comme pour les champignons. C’est tout un art de chercher les champignons, tout le monde ne les voit pas. Après une bonne vingtaine de minutes à errer dans la mangrove, nous finissons par distinguer quelques spécimens, dont certains ont tout juste la tête qui sort du trou dans lequel ils logent. Eux en revanche nous regardent… depuis notre arrivée sans doute.
Notre travail est simple, nous devons les classer selon l’âge et le sexe et repérer l’arbre dans lequel ils vivent, car l’iguane est un animal territorial. Des arbres sont marqués et servent de point de repère. Il suffit d’estimer la distance entre l’arbre sur lequel l’iguane a été vu et le point de repère.
Nous recensons plus dix spécimen et avant de prendre de retourner sur nos pas, ramassons des crabes et des feuilles de la mangrove pour les donner aux iguanes de la station. Le lendemain, je reprends le même chemin avec Mirjana. Il a beaucoup plu la nuit passée, ce qui rend l’expédition encore plus physique avec les moustiques qui cette fois-ci ont envahi la plage et une mangrove encore plus inondée avec ses mares de boue dans lesquelles nous nous embourbons à plusieurs reprises. La température a un peu baissé certes, mais l’humidité de l’air n’a pas chuté.

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