ou

Témoignage de Mélodie Michaud en mission au Togo et au Mexique

Mélodie Michaud, volontaire de Projects Abroad sur une mission humanitaire au Togo, puis sur une mission d’écovolontariat au Mexique. Par la suite, elle intégrera l’équipe salariée de Projects Abroad au Mexique en tant qu’assistant manager.
Au Togo
“14 heures, aéroport Roissy-Charles de Gaulle, mardi 24 février 2009. Une voix annonce que mon vol est retardé, ce qui accentue mon anxiété. C’est la première fois que je voyage seule, j’ai pourtant 26 ans mais comme on dit, mieux vaut tard que jamais ! Une petite dizaine d’heures après, me voici arrivée à Lomé, capitale du Togo.

J’ai été vite intégrée dans la famille d’accueil ainsi qu’au Village d’enfants SOS, l’organisme dans lequel j’ai été placée pour effectuer ma mission humanitaire. Rapidement, j’ai été confrontée au fameux choc des cultures, à la chaleur écrasante et au sur-dynamisme des enfants de l’orphelinat. J’ai beaucoup appris au sein du Village SOS, ces enfants sont des vrais durs à cuire comparé à nos petits français ! J’ai également rencontré beaucoup de volontaires de différentes associations, ce qui m’a entraînée dans une traversée du Togo d’une semaine, en bus, une belle leçon de vie. Le départ a été difficile car et je me suis beaucoup attachée aux enfants du village, à ma famille d’accueil et au personnel du bureau de Projects Abroad mais d’autres horizons m’appellent.

Puis au Mexique
Quelques jours après mon retour en France, je saute à nouveau dans un avion, direction le Mexique cette fois-çi. Lorsque que j’avais lu le descriptif de la mission d’écovolontariat proposée par Projects Abroad dans ce pays, j’avais littéralement été conquise. Arrivée au campement « El Chupadero », on y trouve une plage de sable noir, un bâtiment à un étage, deux piscines ou des tortues passent le temps tranquillement, quelques tentes et les sanitaires. Ce campement peut paraître rudimentaire, mais il colle parfaitement à l’idéologie de cette mission. L’équipe Projects Abroad du camp est composée d’Oliver, responsable du projet, Roberto, coordinateur de volontaires, et trois autres employés mexicains.

 

>>>Déroulement classique d’une journée au camp :
Réveil à 8h30. Les volontaires se voient attribuer des tâches afin de maintenir le camp propre et en ordre. Ensuite, une activité commune pour tous les volontaires qui dépend des besoins du moment : on peut être amené à aller chercher des feuilles de palmier afin de construire un toit avec celles-ci, retirer les mauvaises herbes qui poussent dans le sable près des équipements afin d’éloigner les scorpions et les serpents, nettoyer la plage armés de sacs poubelle et de gants… Tous les jours, Oliver ou Roberto doit se rendre dans la ville la plus proche, qui se situe à 20km du camp, donnant ainsi la possibilité aux volontaires de venir avec lui pour consulter Internet, faire des achats etc.
De retour au campement vers 14h30, tout le monde mange et dispose ensuite d’un temps libre avant l’activité de l’après-midi. Trois fois par semaine, la personne en charge des volontaires nous amène à une lagune, à quelques centaines de mètres du camp. On dispose d’une barque pour aller au cœur de la lagune afin d’observer et recenser les différentes espèces d’oiseaux que l’on peut y voir. Les autres jours, on se voit affecter une activité commune, du même genre que celles qu’on effectue le matin.
Le soir, il est temps d’aller à la chasse aux œufs de tortues marines. Pour ce faire, deux patrouilles sont mises en place : une à minuit et une autre à 5 heures. Un membre du personnel, équipé d’un quad, prend en charge un volontaire qui le suit dans cette excursion. Ils peuvent distinguer les nids grâce aux empreintes laissées sur le sable par les tortues lorsqu’elles sortent de la mer. Elles enterrent leurs œufs à une cinquantaine de centimètres sous le sable, il faut alors creuser pour les collecter.

La sortie des bébés


Une fiche est remplie à chaque nid trouvé, indiquant, entre autre, la date, le lieu, le nombre d’œufs ainsi que d’autres renseignements permettant d’assurer un suivi jusqu’à la sortie des bébés.
Durant la « haute saison », de fin juillet à octobre pour la majorité des espèces qui pond sur ces 24 km de plage, des dizaines de tortues peuvent sortir chaque nuit. Une patrouille peut durer plus de trois heures, le but du jeu étant de trouver les nids avant qu’ils ne soient volés ou mangés par des ratons-laveurs. Plus il y a de tortues qui pondent, plus il y a de gens qui volent les œufs pour les vendre, c’est à cette période que l’on se rend compte qu’il est nécessaire et important d’effectuer ces patrouilles. La consommation de viande et œufs de tortue est pourtant interdite au Mexique mais il est encore difficile de faire évoluer les mentalités, la vague de « l’éco-conscience » que nous avons pu voir déferler en Europe n’est pas encore arrivée jusqu’ici.
Les nids trouvés dans la nuit seront ensuite enterrés au petit matin par les volontaires, dans un espace protégé dédié à cet effet. Il faudra ensuite attendre entre 45 et 60 jours pour avoir la chance de voir des bébés tortues d’à peine 5 cm. On les relâche ensuite sur la plage, en prenant bien garde qu’elles ne se fassent pas happer par un oiseau. Grâce au « radar » qu’elles ont dans la tête, elles prennent sans hésiter la direction de la mer, les femelles qui atteindront l’âge adulte devraient revenir quelques années plus tard pour pondre à leur tour sur cette même plage.

Ferme aux crocodiles

Tous les jeudis matins, le responsable nous emmène à la ferme aux crocodiles. Ce lieu dispose d’une lagune dans laquelle vivent environ 300 crocodiles ainsi que d’espaces équipés où les visiteurs peuvent observer des crocodiles d’un an jusqu’à leur âge adulte. Les volontaires participent à des activités variées comme recenser les bébés crocodiles auxquels on attribue des numéros en coupant certaines de leurs écailles dorsales, maintenir le lieu propre, aller chercher les nids autour de la lagune. On peut également avoir l’occasion d’y aller de nuit, de monter dans la barque pour essayer d’attraper des bébés crocodiles afin de les recenser.

Ici on se fiche bien d’avoir le dernier téléphone portable en vogue

Durant quatre mois, j’ai compris que le travail réalisé ici est réellement utile. On peut concrètement constater le résultat des activités : lorsque nous nettoyons une plage, nous ressentons la satisfaction de voir le lieu propre, quand nous libérons des bébés tortues, nous pouvons être amenés à penser que si nous n’avions pas trouvé et rapporté ce nid, ces tortues ne seraient peut-être pas en train de crapahuter jusqu’à la mer. Ici on revient aux vraies valeurs de la vie, nous ne baignons plus dans cette société de consommation, qui nous gave de publicité et qui nous crée des besoins finalement pas si utiles, que nous connaissons en Europe et dans les autres pays dits développés. Ici on se fiche bien d’avoir le dernier téléphone portable en vogue et d’avoir plus de 100 chaines télévisées, puisqu’ici on a la mer, la plage, bref la nature à perte de vue.
Ma mission touchant à sa fin, j’ai décidé de mettre le cap vers le sud du Mexique. Avant de retourner en France, je suis venue passer quelques jours au campement, histoire de faire mes adieux aux tortues et aux membres du personnel. Mais heureusement, ma bonne étoile en a décidé autrement : Oliver m’annonce qu’il aurait besoin d’une assistante très rapidement, bien évidemment plus qu’alléchée par cette offre, il m’a recommandée pour ce travail auprès des responsables du siège de Projects Abroad en Angleterre. Après un retour en France, deux entretiens téléphoniques avec le bureau d’Angleterre, me voici de nouveau au Mexique pour participer fièrement à la protection des tortues marines sur la côte ouest de ce pays, c’est maintenant moi qui co-encadre les volontaires et co-organise les activités avec Oliver et Roberto. J’étais vraiment loin de m’imaginer que j’allais parcourir tant de chemin, ce fameux 24 février 2009…”

Laisser un commentaire